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Université de Grenoble : fragments d'histoire

1339, une université est créée à Grenoble par le dernier dauphin indépendant, Humbert II, dont l’ambition était d’étendre le renom de sa province. Il accorde des privilèges aux étudiants pour les attirer. Il exprime la volonté que Grenoble ne soit plus jamais privée d’université. Mais, la création d’une nouvelle université en 1452 indique que celle de Grenoble avait décliné, et c’est Valence, cité mieux située et plus prospère, que le futur Louis XI choisit alors comme siège. L’Université réinstallée à Grenoble en 1542 ne survivra qu’une vingtaine d’années, en raison des difficultés de gestion - en particulier les salaires des meilleurs professeurs étrangers - et sera fusionnée avec celle de Valence.

Au 18e siècle, nouvelle chance pour Grenoble. En 1732, fut créée, sous l’impulsion du chancelier d’Aguesseau, ministre de Louis XV, une commission pour l’examen des Universités de Valence et Orange, toutes deux en déclin. Cette commission conclut en 1738 à la nécessité de supprimer celle d’Orange et de transférer celle de Valence à Grenoble. Cet avis fut confirmé en 1744 par une deuxième commission. Mais il fallut attendre 20 ans pour que le Parlement du Dauphiné relance l’affaire en chargeant un de ses conseillers de faire des recherches sur ce sujet. M. de Sauzin produisit un rapport à partir des documents de la 2e commission. Ce qui permit au Parlement de présenter au Roi en 1765 un Mémoire sur la nécessité d’une Université dans la Ville de Grenoble. Ce mémoire insistait sur l’importance de la formation des futurs citoyens au service du royaume : ce qui militait pour la restauration des études dans le Dauphiné. Les arguments présentés pour choisir Grenoble étaient, entre autres, que l’Université serait sous le contrôle du Parlement et serait préservée des dérives qu’avaient connues Valence et Orange. Les magistrats grenoblois sollicitaient le roi d’affirmer sa volonté politique en dotant la nouvelle Université des fonds nécessaires. Mais les rapports entre le Parlement et le pouvoir royal ne sont plus les mêmes qu’en 1732 et l’Université ne reviendra pas à Grenoble.

Il faudra attendre l’Empire pour retrouver une Université à Grenoble. La loi du 1er mai 1802 réorganise l’enseignement supérieur : les lycées et les écoles spéciales sont conçus comme des écoles d’initiation à l’enseignement universitaire. Cette loi est complétée par celle du 10 mai 1806 qui crée les Universités impériales. A Grenoble, la volonté politique du maire, Charles Renauldon, du président de la Cour d’appel, M. de Barral et du préfet, Joseph Fourier, aboutit en 1805 à la création d’une Ecole de droit , par décret signé par Napoléon 1er. En 1808, cette école devient Faculté de droit de l’Université impériale. La Faculté des Lettres est créée en 1810 ; c’est son doyen, Jacques Champollion-Figeac, frère aîné de l’égyptologue, qui prononce Discours d'ouverture et programme du cours de littérature grecque. La Faculté des sciences est inaugurée en 1811. Après les Cent jours, Grenoble qui avait soutenu Napoléon est punie par Louis XVIII. La Faculté des Lettres est supprimée en 1815, sous prétexte d’un nombre insuffisant d’étudiants. Celle de Droit, foyer d’agitation hostile à la royauté, est supprimée en 1821. Seule la Faculté des Sciences est épargnée. La municipalité qui se retrouve en concurrence avec Valence témoigne de sa fidélité à la monarchie pour récupérer la Faculté de Droit, si nécessaire à l’économie de la ville. Elle sera réinstallée à Grenoble en 1824. La Faculté des Lettres devra attendre 1848, faute d’obtenir un bâtiment convenable ; et c’est l’ancien maire, Frédéric Taulier qui prononce le discours de son installation.

Après une période de pénurie et de manque d’attractivité , l’Université française se relance sous la 3e République  avec la volonté de développer la recherche sur le modèle allemand et de décentraliser l’université française. Le nouveau régime affirme également le rôle primordial de l’enseignement supérieur pour la promotion sociale et la formation des élites et son intérêt pour la science, source de progrès. Cette politique suppose un investissement et une volonté politique sur le plan local. A Grenoble, la municipalité est consciente de l’insuffisance des bâtiments. Un projet architectural proposé par J. Collet, architecte de la ville, sera refusé en 1874, après de nombreux remaniements, relatés dans Le Bâtiment des Facultés à Grenoble. Historique des travaux au profit d’un bâtiment plus beau mais moins fonctionnel, inauguré en 1879, dont l’Album de l’université donne un aperçu. L’activité pédagogique, elle aussi, se renouvelle. De nouvelles chaires se créent, les enseignants dont les conditions matérielles s’améliorent  expriment une exigence scientifique. Ainsi, dans leurs leçons inaugurales, deux d’entre eux tentent de définir leur discipline : pour Claude-Charles Charaux, les trois outils du philosophe sont l’observation, la réflexion et l’imagination ; pour Eugène Fialon, le professeur en Littérature ancienne ne doit pas se contenter de l’étude livresque ; il doit aller contempler la civilisation antique sur les lieux. Affirmation qui trouvera une application pratique en 1910 dans la création d’un cycle de voyages archéologiques dont le 5e sera organisé en 1920 en Italie du Sud et en Sicile.

Pour accéder aux documents numérisés :

Compte-Rendu aux chambres assemblées le 11 Décembre 1764... sur les moyens pour l'établissement d'une université... à Grenoble... Ensemble le mémoire... présenté au Roi par le Parlement du Dauphiné / Sausin, M. de

Discours d'ouverture et programme du cours de littérature grecque professé à la Faculté des Lettres de l'Académie de Grenoble, par J.J. Champollion-Figeac,... / Champollion-Figeac, Jacques-Joseph (1778-1867)

Discours prononcé à l'installation de la Faculté de Lettres de Grenoble (9 Mars 1848) / Frédéric Taulier

L'éloquence antique : leçon d'ouverture du cours de littérature ancienne à la Faculté des Lettres de Grenoble : prononcé le 30 Novembre 1869 /Eugène Fialon

De l'esprit socratique : 1e leçon de cours de philosophie à la Faculté des lettres de Grenoble (Décembre 1871) / Claude-Charles Charaux

Le Bâtiment des Facultés à Grenoble. Historique des travaux… / Collet, J..- 1874

Université de Grenoble : Album / Université de Grenoble.- 1900   Volume 1, Volume 2

Inauguration du monument élevé par la Faculté [des Lettres] à la mémoire de ses étudiants morts pour la France (1914-1918), 19 juin 1920

Inauguration du monument élevé à la mémoire des professeurs, étudiants et anciens étudiants de la Faculté de Droit et de l'Institut d'Enseignement commercial morts pour la France (1914-1918), 19 novembre 1921

Université de Grenoble, Faculté des lettres ... : voyage archéologique en Italie méridionale et en Sicile (automne 1920)

Références bibliographiques :

Compte-Rendu aux chambres assemblées le 11 Décembre 1764... sur les moyens pour l'établissement d'une université... à Grenoble... Ensemble le mémoire... présenté au Roi par le Parlement du Dauphiné / M. de Sauzun.- Grenoble : Impr. Giroud, 1765

BU Droit-Lettres - Réserve B1021

Histoire de l'ancienne université de Grenoble / par M. Berriat-Saint-Prix.- Valence : impr. de L. Borel ; Paris : C.H. Langlois, 1839.- 2e édition

BU Droit Lettres – Réserve C5423

Le roman de l’université : Grenoble, 1339-2016 / René Favier.- Grenoble : PUG.- (La pierre et l’écrit)

BU Droit Lettres – 944.48 FAVI